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Cryptozoologie
 

 

L'éléphant nain

(dernière mise à jour : 28 août 1999) 

  

    Un éléphant de petite taille est signalé depuis un siècle dans les forêts marécageuses de l'ouest africain.

 

1) Quelques témoignages

- Au début des années 1950, Pierre Weité a eu vent de l'existence de l'éléphant nain au Gabon :

"D'après les indigènes, il existerait, sur la côte principalement, une variété d'éléphants nains se distinguant par une peau noire, des tendances grégaires, puisqu'ils vivent en troupes nombreuses, et une agressivité telle que le chasseur serait souvent pris à partie par le troupeau entier, véritable meute acharnée à sa perte, le poursuivant au flair s'il fuit, l'assiégeant s'il cherche refuge dans un arbre.
"Sur ce point, tous les Noirs gabonais sont unanimes et possèdent même un nom, moussaga, pour désigner ce proboscidien.
"Les indigènes des autres colonies de la côte occidentale d'Afrique, comme leurs congénères du Gabon, affirment aussi l'existence de cette variété naine, pourvue dans chaque idiome d'un nom spécial : m'bakiri chez les Bandas, lokpaka chez les Bassas du Cameroun, sumbi en Sierra-Leone, etc." (d'après Weité 1954).

- En 1955, François Edmond-Blanc, un chasseur chargé de récolter au Cameroun un spécimen d'éléphant nain pour l'université de Copenhague, écrivait à propos de cet animal dans Mammalia, la revue de mammalogie du Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris :

"[...] je me suis rendu en janvier cette année [1955] sur la rivière Nyon, dans le Sud-Cameroun, à environ 80 km de son embouchure. Là, il m'a été assez facile de trouver un village où des éléphants de petite taille me furent signalés. Dès le lendemain matin, après trois heures de pistage dans une végétation inextricable et sur un sol marécageux, j'ai pu approcher un groupe de douze éléphants, dont, autant que j'ai pu les observer, aucun ne dépassait la taille de deux mètres." (d'après Edmond-Blanc 1955).

 

2) Canulars

    Pas de canular à notre connaissance.

 

3) Indices matériels

- Des crânes sont conservés dans des musées.

- Des spécimens vivants ont été élevés dans des zoos européens ou américains.

- Des photographies ou des films sont disponibles.

 

4) Analyse cryptozoologique

    En Afrique, on distingue officiellement deux sous-espèces de l'éléphant :
- l'éléphant de savane (Loxodonta africana oxyotis), qui peut atteindre 3,50 m au garrot et qui se caractérise notamment par ses oreilles triangulaires,
- et l'éléphant de forêt (Loxodonta africana cyclotis), qui peut atteindre 2,50 m au garrot, et dont les oreilles sont arrondies.

    Depuis le début du vingtième siècle, on a signalé la présence en Afrique équatoriale de l'ouest, d'une troisième forme d'éléphant d'Afrique, l'éléphant nain (que les Anglo-Saxons appellent plus justement pygmy elephant, éléphant pygmée), dont la hauteur au garrot est inférieure à 2 m. Un spécimen vivant a été décrit par Noack en 1906 sous le nom d'Elephas pumilio (éléphant "plume") ; par la suite, l'éléphant d'Afrique a été classé dans un genre (Loxodonta) distinct de l'éléphant d'Asie (Elephas), de sorte que le nom scientifique actuel est Loxodonta pumilio.

    Une excellente description synthétique de l'éléphant nain a été faite par Theodor Haltenorth et Helmut Diller (1977, 1985) dans leur guide des mammifères d'Afrique et de Madagascar :

"Corps trapu, hauteur maximale en arrière du dos. Peau gris brun à brun roussâtre (parfois une faible nuance violette), veloutée, plis fins. Front plat. Deux appendices opposés à l'extrémité de la trompe, le supérieur étant nettement plus long que l'inférieur. Les grandes oreilles ne se touchent pas sur la nuque, elles sont arrondies-elliptiques, généralement obtuses à la base et en avant, plus rarement pointues. Queue ronde, mince, touffe terminale de crins. Nombre d'ongles 5/5. Défenses courtes, faibles (de la Sierra Leone au S. du Cameroun) ou longues et inclinées vers le bas (du Gabon au S.E. du Zaïre). Molaires comme celles de l'éléphant mais de moitié plus petites. [...] En groupes (10-20) ou troupeaux (50-70) formés d'adultes et de jeunes (les plus petits mesurent seulement 60-65 cm de haut) dans les forêts marécageuses. Habitat toujours distinct de celui de l'éléphant de forêt. Serait plus agressif que ce dernier." (d'après Haltenorth et Diller 1985).

     Il y a tellement de preuves de l'existence de l'éléphant nain (voir indices matériels ci-dessus) que l'on s'étonne de l'incrédulité de certains mammalogistes à son égard. Pour accepter son existence, il a été demandé de prouver que le croisement d'éléphants nains entre eux donne naissance à des éléphants nains (et non pas normaux), ou encore qu'il existe des troupeaux entiers d'éléphants nains : c'est toujours ce qu'ont affirmé les chasseurs occidentaux ou indigènes qui en ont abattu ou capturé, mais leur témoignage a été systématiquement mis en doute. Pourtant, en 1990, Wolfgang Böhme et Martin Eisentraut ont publié un article démontrant de manière irréfutable l'existence d'un troupeau d'éléphants nains (figure 1) : il a été photographié en République Populaire du Congo (Brazzaville), et il comprenait mâles, femelles et éléphanteaux : 50 cm pour le plus petit.


Figure 2 : un troupeau d'éléphants nains (d'après Böhme et Eisentraut 1990)
(l'aigrette blanche à gauche, maximum 1 m de hauteur, donne l'échelle).

 

5) Hypothèses alternatives

- On a prétendu que l'éléphant nain était une invention des chasseurs d'ivoire pour abattre impunément des individus juvéniles ou de taille réduite de l'éléphant de forêt. Mais comme l'éléphant nain n'est signalé qu'en Afrique occidentale (où il possède d'ailleurs de nombreux nom vernaculaires chez les populations locales : essala, wakawaka, kowuru, etc.), faut-il croire que les trafiquants d'ivoire de l'est africain (notamment du Kenya) manquent d'imagination ?

- L'existence de troupeaux d'éléphants nains étant maintenant irréfutable (figure 2), il a été avancé qu'il s'agit en fait d'un comportement méconnu de l'éléphant de forêt : les jeunes et les bébés se sépareraient des adultes, et les deux groupes se déplaceraient à quelques centaines de mètres de distance ! Voilà qui illustre bien le fait qu'aucune preuve ne satisfera ceux qui ont décidé de refuser l'évidence...

 

6) Pour en savoir plus

BÖHME, Wolfgang, & Martin EISENTRAUT
1990 Zur weiteren Dokumentation des Zwergelefanten (Loxodonta pumilio NOACK, 1906). Zeitschrift des Kölner Zoo, 33 [n° 4] : 153-158.

EDMOND-BLANC, François
1955 Contribution à l'étude des éléphants nains du Sud-Cameroun. Mammalia, 19 [n° 3] : 428-429.

EISENTRAUT, Martin, & Wolfgang BÖHME
1989 Gibt es zwei Elefantenarten in Afrika ? Zeitschrift des Kölner Zoo, 32 [n° 2] : 61-68.

HALTENORTH, Theodor, & Helmut DILLER
1977 Säugetiere Afrikas und Madagaskars. München, BLV Verlagsgesellschaft : 130-131.
1985 Mammifères d'Afrique et de Madagascar. Neuchatel, Delachaux et Niestlé : 113.

HEUVELMANS, Bernard
1955 Sur la piste des bêtes ignorées. Paris, Plon.

NOACK, Th.
1906 Eine Zwergform des afrikanischen Elefanten. Zoologischer Anzeiger, 29 [n° 20] : 631-633 (Januar 08).

WEITE, Pierre
1954 Dans la jungle du Gabon. Paris, La Toison d'Or : 102-106.

 

 

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