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Cryptozoologie

 

Les "lézards" géants de Nouvelle-Zélande

(dernière mise à jour : 15 août 2003) 

  

    Depuis le dix-huitième siècle, on signale en Nouvelle-Zélande des créatures à allure de grand lézard, diversement connus des Maoris sous les noms de taniwha, ngarara, kawekaweau, etc.

1) Quelques témoignages

    - Le célèbre navigateur James Cook fut le premier Occidental à entendre parler de "lézards" géants en Nouvelle-Zélande, en 1777, lors d'un de ses voyages dans le Pacifique. Un Maori du nom de Taweiharooa lui apprit ceci :

"[...] il y a ici des serpents et des lézards d'une taille énorme. Il décrivait ces derniers comme ayant huit pieds [2,40 m] de long, et aussi gros de tour que le corps d'un homme. Il disait qu'ils saisissent parfois des hommes et les dévorent ; qu'ils s'enfouissent dans le sol ; et qu'on les tue en faisant du feu à l'entrée du trou." (tiré de Cook 1785).

    - En 1871, Sir Walter Buller mentionnait un mystérieux lézard néo-zélandais :

"Le kawekaweau, un beau lézard rayé, atteignant quelquefois une longueur de deux pieds [60 cm], n'est pas encore décrit. Il était autrefois abondant dans les forêts au nord d'Auckland, et on le rencontre encore occasionnellement. Mr. F. E. Maning, de Hokianga, entra récemment en possession de deux spécimens vivants, mais hélas pour la science, l'un d'entre eux fut dévoré par un chat et l'autre parvint à s'enfuir." (tiré de Buller 1871).

    - En 1873, le major W. G. Mair apporta des précisions notables :

"Je puis mentionner l'existence d'un grand lézard de forêt, appelé par les Maoris kawekau. En 1870, un chef Urewera en tua un sous l'écorce détachée d'un tronc de rata mort, dans la vallée de Waimana ; il me le décrivit comme ayant environ deux pieds [60 cm] de long, et aussi épais que le poignet d'un homme ; couleur brune, rayé longitudinalement de rouge mat." (tiré de Mair 1873).

 

2) Canulars

    Pas de canular à notre connaissance.

 

3) Indices matériels

    - Un spécimen naturalisé de gecko géant (62 cm de long), conservé dans les collections du Musée d'Histoire Naturelle de Marseille (figure 1), et provenant certainement de Nouvelle-Zélande.


Figure 1 : le gecko géant du Musée d'Histoire Naturelle Marseille
(Hoplodactylus delcourti)

    - Le naturaliste Hutton (1875, 1898) signale une mandibule pleurodonte (non conservée), typique des gekkonidés, dans la grotte d'Earnscleugh (province d'Otago, Ile du Sud).

    - Un fragment d'os (non conservé), ressemblant vaguement à une côte, trouvé dans la grotte d'Earnscleugh  à la fin du dix-neuvième siècle, dessiné par Hutton (1898). Bauer et Russell (1990) ont montré qu'il s'agit en fait d'un os cloacal d'un gecko d'une cinquantaine de cm de long.

 

4) Analyse cryptozoologique

    Les rapports sur les grands "lézards" (2 mètres et plus), souvent appelés taniwha, pourraient se rapporter au crocodile marin (Crocodylus porosus), que l'on peut accidentellement rencontrer en Nouvelle-Zélande. Toutefois, comme la tradition maorie le situe plutôt dans certains lacs et rivières du pays, plutôt que dans l'océan, il se pourrait que ces traditions se rapportent à l'existence récente d'un grand varan encore inconnu, comme il en existe ou comme il en a existé il y a quelques milliers d'années dans la région (Australie, Nouvelle-Guinée, Indonésie, Nouvelle-Calédonie, etc.). 

    Les autres rapports sur des reptiles de taille plus modeste (50 à 60 cm) se rapportent à des geckos géants inconnus, comme l'attestent le régime omnivore qui leur est prêté (certains geckos le sont en effet, même si la plupart des espèces sont insectivores), les cris qu'ils émettent, le caractère pleurodonte de leur mandibule, etc.
    L'existence récente, sinon actuelle, de geckos géants en Nouvelle-Zélande est d'ailleurs attestée par un spécimen naturalisé conservé dans les collections du Musée d'Histoire Naturelle de Marseille, et décrit par Bauer et Russell en 1986 sous le nom d'Hoplodactylus delcourti. L'origine géographique du spécimen est inconnue, mais le genre Hoplodactylus étant confiné à la Nouvelle-Zélande, il est plus que probable que le spécimen de Marseille provienne de ce pays. Long de 62 cm (près de deux fois la longueur des plus grands geckos connus jusqu'alors), et rayé longitudinalement de brun et de rouge, sa description s'accorde trait pour trait avec celle du kawekaweau (Bauer et Russell 1987).

 

5) Hypothèses alternatives

    Des observations déficientes de tuataras (Sphenodon) ou de divers geckos ou scinques d'espèces connues peuvent expliquer certains rapports ambigus.

 

6) Pour en savoir plus

BAUER, Aaron M, and Anthony P. RUSSELL
1986 Hoplodactylus delcourti n. sp. (Reptilia : Gekkonidae), the largest known gecko. New Zealand Journal of Zoology, 136 : 141-148.
1987 Hoplodactylus delcourti (Reptilia : Gekkonidae), and the kawekaweau of Maori folklore. Journal of Ethnobiology, 7 [n° 1] : 83-91 (Summer).
1990 Recent advances in the search for the living giant gecko of New Zealand. Cryptozoology, 9 : 66-73.

BULLER, Walter
1871 A list of the lizards inhabiting New Zealand, with descriptions. Transactions of the New Zealand Institute, : 4-11.

COOK, James
1785 A voyage to the Pacific Ocean. London, printed by H. Hughs for G. Nicol, 1 : 142

HUTTON, F. W.
1875 Notice of the Earnscleugh Cave. Transactions of the New Zealand Institute, : 138-141.
1898 On a supposed rib of the kumi, or ngarara. Ibid., 31 : 485.

MAIR, W. G.
1873 Notes on Rurima rocks. Transactions of the New Zealand Institute, : 151-153.

 

 

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