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Cryptozoologie
 

 

Actualité cryptozoologique (155)

  

Une baleine grise de Californie au large d'Israël ! (mai 2010)

    La baleine grise de Californie (Eschrichtius robustus) a d'abord été décrite par Lilljeborg en 1868, d'après des ossements fossiles découverts sur les côtes de Scandinavie.
    Peu après, il apparut que l'espèce vivait toujours dans le Pacifique, où existent en fait deux "stocks" : l'un qui migre de l'Alaska à la basse Californie, l'autre qui migre du Kamtchatka à la mer de Corée (ce qui avec une distance de 5000 kilomètres, représente les plus longues migrations du monde animal).

    On distinguait donc deux populations de la baleine grise : une dans le Pacifique nord, toujours existante ; et une autre dans l'Atlantique nord, hélas éteinte depuis des milliers d'années.

    En 1937, dans un article sur des restes fossiles de baleine grise de l’Atlantique pour la revue zoologique hollandaise Temminckia, Van Deinse et Junge émirent l’hypothèse de la survivance à l’époque historique de la population atlantique, notamment pour expliquer les rapports sur un cétacé mystérieux de la Nouvelle-Angleterre, signalé par Paul Dudley en 1725, ne possédant pas de nageoire mais une série de nodosités sur le dos, et appelé scrag whale.
    Depuis lors, des études historiques (Fraser 1970, Lindquist 2000) ont mis en évidence que la population atlantique était connue des pêcheurs et baleiniers il y a seulement quelques siècles, et des datations au carbone 14 (Mead 1984), sur des restes fossiles et sub-fossiles découverts en Europe et aux USA, ont démontré que cette population atlantique a survécu jusqu'au dix-huitième siècle au moins, corroborant ainsi l'hypothèse de Van Deinse et Junge. Matthias Macé (2003) a même avancé l'idée que la Méditerranée avait pu constituer une zone de reproduction de l'espèce, à la suite de la découverte de restes près de Montpellier.

    Or, le 8 mai 2010, une baleine grise a été observée et photographiée... en vue des côtes israéliennes ! Le cas a été authentifié par des spécialistes des cétacés de l'IMMRAC (Israel Marine Mammal Research & Assistance Center). Comme il semble très invraisemblable qu'une population atlantique viable ait pu survivre durant 3 siècles sans être signalée, l'hypothèse la plus probable (bien que pratiquement aussi folle que la précédente) est qu'il s'agit d'un spécimen de baleine grise venu du Pacifique nord, qui a franchi le détroit de Behring, longé l'Alaska et le Canada par le fameux passage du nord-ouest (il était presque libre de glaces au cours des étés 2008 et 2009), descendu l'Atlantique jusqu'au détroit de Gibraltar, puis traversé toute la Méditerranée !

 

 

Pour en savoir plus :

DUDLEY, Paul
1725 An essay upon the natural history of whales, with a particular account of the ambergris found in the sperma ceti whale. Philosophical Transactions of the Royal Society of London, 33 : 256-269. [p. 258].

FRASER, F. C.
1970 An early 17th century record of the Californian grey whale in Icelandic waters. Investigations on Cetacea, 2 : 13-20.

LINDQUIST, Ole
2000 The North Atlantic gray whale (Escherichtius robustus) : an historical outline based on Icelandic, Danish-Icelandic, English and Swedish sources dating from ca. 1000 AD to 1792. Occasional Papers of the Centre for Environmental History and Policy, St Andrews (Scotland), University of St Andrews, Stirling, University of Stirling : 53 pp.

MACE, Matthias
2003 Did the Gray whale, Eschrichtius robustus, calve in the Mediterranean ? Lattara, 16 : 153-164.

MEAD, James G., and Edward D. MITCHELL
1984 Atlantic Gray whales. In : Mary Lou JONES, Steven L. SWARTZ, and Stephen L. LEATHERWOOD, The Gray whale Eschrichtius robustus, Orlando, Academic Press : 33-53.

VAN DEINSE, A. B., and G. C. A. JUNGE
1937 Recent and older finds of the California Gray whale in the Atlantic. Temminckia, 2 : 161-187.

 

Un site sur la baleine grise au large d'Israël :
http://www.petethomasoutdoors.com/2010/05/gray-whale-sighting-off-israel-a-truly-remarkable-event-.html

 

 

 

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