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de Cryptozoologie |
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(dernière mise à jour : 01 septembre 2001)
1) Quelques témoignages
- En 1856, le Princess croise un monstre marin par 34°56' de latitude sud et 18°14' de longitude est :
"A une heure de l'après-midi, vu un très grand poisson, avec une tête comme un morse et douze nageoires pareilles à celles d'un globicéphale mais tournées en sens inverse. Le dos avait de 6 à 9 mètres de long ; également une bonne longueur de queue."
- En 1910, c'est depuis le Potsdam, qu'une observation est faite en Atlantique nord :
"Il nous parut avoir la forme d'un serpent gigantesque, long de 35 à 40 mètres et d'un diamètre d'environ 60 centimètres. Il se déplaçait à vive allure. De temps en temps la tête se dressait presque perpendiculairement sur l'eau, jusqu'à une hauteur de 2,50 à 3 mètres ; elle restait dans cette position pendant un certain temps, puis disparaissait à nouveau. Ces deux mouvements allaient de pair avec un puissant jaillissement de l'eau jusqu'à une hauteur d'environ 6 mètres, cependant que la queue agitait non moins puissamment l'onde (la queue était de forme aplatie et élargie, avec une extrémité bifide)."
2) Canulars
- En 1881, le steamer The Don aurait croisé un monstre marin dont la description extravagante vaut son pesant d'or, comme on peut en juger d'après l'extrait suivant :
"Il rend une odeur d'une fétidité telle que c'est à en être malade ; cette odeur, qui a persisté pendant plus d'une demi-heure, semble être le produit combiné d'une opération en grand de la maison Lesage, du grand collecteur d'Asnières par la chaleur, et d'une douzaine d'usines à noir animal semblables à celle de Billancourt. Il eût fallu, pour la neutraliser, les boutiques réunies de plusieurs de nos meilleurs parfumeurs."
- En 1964, Robert Le Serrec observe et photographie (figure 1) un serpent-de-mer échoué par deux mètres de fond sur la Grande Barrière de Corail australienne. Le récit comporte maints détails suspects (les "témoins" n'osent pas jeter des cailloux sur le monstre pour voir s'il est vivant, mais n'en plongent pas moins pour l'examiner de près !), et la position des yeux de la créature est anatomiquement invraisemblable. Un film sous-marin pris par Le Serrec à la même occasion ne montre que des images floues.
3) Analyse cryptozoologique
Le problème du Grand Serpent-de-Mer a fasciné nombre de zoologues et cryptozoologues. En 1893, le Hollandais Oudemans publia un livre entier sur cette énigme, intitulé The great sea-serpent, où il concluait qu'il s'agissait d'un grand pinnipède à allure de plésiosaure, auquel il donna le nom de Megophias megophias (figure 2), mais sa description est visiblement bâtie sur un portrait composite de plusieurs types d'animaux différents.
Figure 2 : le Megophias selon Oudemans
En 1965, Bernard Heuvelmans a publié un livre sur la question, où il a tenté de démontrer, par une étude statistique de plusieurs centaines de témoignages, que l'animal légendaire a une origine multiple :
- 5 types de mammifères, comme le démontrent leurs ondulations dans le plan vertical, la présence de poils, le fait de "souffler" à la surface, etc. :
le long cou (Megalotaria longicollis) |
Animal cosmopolite, le "long cou" est décrit comme
une sorte d'otarie à cou de girafe, qui
pénètre à l'occasion dans les lacs
comme au Loch Ness (voir sur ce site la page
consacrée au monstre du Loch
Ness et à ses congénères). |
la super-loutre (Hyperhydra egedei) |
Vivant dans les mers boréales, la "super-loutre"
n'est plus signalée depuis le milieu du
dix-neuvième siècle. |
le multi-bosses (Plurigibbosus novae-angliae) |
Observé principalement sur les côtes de la
Nouvelle-Angleterre (USA). |
le cheval marin (Halshippus olai-magni) |
Serpent-de-mer cosmopolite, observé notamment le
long des côtes américaines et canadiennes du
Pacifique ("Caddie"). |
le multi-ailerons (Cetioscolopendra aelieni) |
Observé surtout dans les eaux tropicales. |
Selon Heuvelmans, le Long Cou est manifestement un pinnipède, alors que les quatre autres sont peut-être des archéocètes (cétacés primitifs à cou délié), le Multi-bosses étant sans doute apparenté aux zeuglodontes.
- ... et 4 ou 5 types d'autres vertébrés :
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Le portrait-robot du "Jaune" est le moins détaillé de tous. Il s'agit d'une créature serpentiforme de grande taille, à la couleur caractéristique, signalé dans les eaux tropicales. Ses affinités restent à établir. |
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Le "Saurien Océanique" est décrit comme une sorte de grand crocodile entièrement adapté à la vie marine, se déplaçant par ondulations horizontales. Il s'agit peut-être d'un reptile survivant du groupe des thalattosuchiens ou d'un mosasaure attardé. |
le père de toutes les tortues
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Le "père de toutes les tortues" est décrit comme une tortue gigantesque. Peut-être ne s'agit-il que d'observations de tortues-luths (Dermochelys coriacea) dont la taille a été très exagérée. |
les "anguilliformes" géants
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Il s'agit de poissons dont il semble exister deux types : un grand requin serpentiforme et une sorte "d'anguille" super-géante. |
A ces types de serpents-de-mer définis par Bernard Heuvelmans en 1965, Roy P. Mackal en a ajouté deux autres en 1980, pour rendre compte de certaines observations :
- 2 types d'invertébrés :
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4) Indices matériels
- En 1932, le navire océanographique Dana pêche dans l'Atlantique une larve (leptocéphale) de poisson anguilliforme de plus de 1,80 m de long (figure 3). Si la proportion larve / adulte est la même que chez l'anguille, le poisson en question (qui a été nommé Leptocephalus giganteus) ressemblerait à une anguille d'une quinzaine de mètres de long... mais rien ne dit que le ratio soit effectivement le même.
- En 1937, on a trouvé dans les entrailles d'un cachalot harponné au large de Vancouver les restes d'un animal serpentiforme à tête de cheval, dont Edward L. Bousfield et Paul H. LeBlond ont fait une étude approfondie dans la revue Amphipacifica : il s'agit selon eux d'un individu juvénile du serpent-de-mer à allure de "cheval marin", mais d'autres auteurs ont suggéré que ce n'est qu'un requin, voire un fœtus de cachalot.
5) Hypothèses alternatives
Plusieurs auteurs, comme Ulrich Magin, ont critiqué les travaux de Bernard Heuvelmans, en montrant que plusieurs des "types" de serpents-de-mer proposés sont contestables, car fondés au moins partiellement sur des documents douteux. Ainsi, la description d'origine du serpent-de-mer de Hans Egede, prototype de la "super-loutre", ne fait nullement mention de la présence de quatre pattes, mais seulement de deux, et rien ne dit qu'elles aient possédé des doigts déliés.
6) Pour en savoir plus
HEUVELMANS, Bernard
1965 Le grand serpent-de-mer -- Le problème zoologique et
sa solution. Paris, Plon.
LeBLOND, Paul H., and Edward L. BOUSFIELD
1995 Cadborosaurus, survivor from the deep. Victoria, Horsdal
and Schubart Publishers Ltd.
MACKAL, Roy P.
1980 Searching for Hidden Animals. Garden City, Doubleday and Co.