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Le mercredi 18 août 1999 est sorti sur les écrans français un film de John McTiernan, Le treizième guerrier, avec le beau ténébreux Antonio Banderas dans le rôle principal (figure 1).

Ce film est en fait inspiré du roman de Michael Crichton, Eaters of the dead (1976), qui a été traduit en français sous plusieurs titres, comme Le royaume de Rothgar, Les mangeurs de morts, et finalement Le treizième guerrier dans la réédition récente chez Robert Laffont, à l'occasion de la sortie du film.
Michael Crichton est un célèbre romancier américain, auteur de nombreux best-sellers, souvent portés à l'écran : Le mystère Andromède, L'homme terminal, Le train d'or de Crimée, Harcèlement, Soleil d'or, Jurassic Park, Congo, Sphère, etc. Le treizième guerrier est présenté comme une mise en forme à peine romancée de vieux manuscrits arabes, contant les aventures d'Ahmed Ibn Fadlan, envoyé du calife de Bagdad auprès des Russes, et capturé par des Vikings, vers 920. Le roman joue sur la relativité des choses, Ibn Fadlan étant un poète issu d'une civilisation raffinée, alors que les Européens, en la personne des Vikings, sales et ivres d'alcool, sont en l'occurrence les "barbares" aux yeux de l'Oriental.
Le plus étonnant est bien sûr la rencontre d'Ibn Fadlan avec des hordes d'hommes sauvages et velus de Suède, appelés wendol. Privés de parole, cannibales, d'une odeur épouvantable, ils ne sont pas sans rappeler les hommes sauvages bien actuels de l'Asie centrale, notamment l'almasty du Caucase ou le bar-manu du Pakistan, et le fameux spécimen congelé étudié par Bernard Heuvelmans :
"L'aspect de ces démons était ainsi : ils semblaient humains à tous égards, mais comme nul autre homme à la face du monde. C'étaient des créatures petites, et larges et trapues, et velues sur toutes les parties du corps sauf sur la paume, la plante des pieds et la figure. Celle-ci était très grande, avec une bouche et des mâchoires grandes et proéminentes, et d'un aspect bien laid ; également leur tête aussi était plus grande que celle d'un homme normal. Leurs yeux étaient profondément enfoncés dans la tête ; les arcades sourcilières étaient grandes, et non pas en raison de sourcils poilus, mais de leurs os ; aussi leurs dents étaient grandes et pointues." (d'après Crichton 1976).
Dans la postface de son roman, Michael Crichton consacre une part
appréciable à cet épisode, évoquant
l'hypothèse de la survivance
de Néanderthaliens à l'époque historique. Il
donne même une bibliographie sur le manuscrit d'Ibn Fadlan,
mais on chercherait vainement à la vérifier, car tout
est inventé, aussi bien les wendol que le reste :
véritable orfèvre du pastiche
cryptozoologique, Crichton sait mêler à la
perfection le vrai et le faux. Amirons tout de même au passage
le vice de l'auteur qui va jusqu'à fabriquer une
pseudo-"bibliographie" fantaisiste, car sortie directement de son
imagination débridée.
Ses sources d'inspiration sont, outre le vrai manuscrit d'Ibn Fadlan,
sans doute diverses lectures sur la survivance des
Néanderthaliens, et à l'évidence le poème
médiéval anglo-saxon Beowulf, qui décrit
le combat du héros contre Grendel, l'homme sauvage. La
ressemblance phonétique entre Beowulf et Bulywif (chef de
guerre viking dans le roman de Crichton) et entre Grendel et
wendol est d'ailleurs frappante.
Quant au film de John McTiernan, il est à réserver aux fanatiques d'heroic fantasy et aux admiratrices d'Antonio Banderas, bien plus qu'aux amateurs de cryptozoologie...
Pour en savoir plus :
CRICHTON, Michael
1976 Eaters of the dead.
1999 Le treizième guerrier. Paris, Robert
Laffont.
RAYNAL, Michel
1983 Bibliographie : Michael Crichton, Le royaume de
Rothgar. Amazone, n° 2 : 63
(février).
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