Institut Virtuel
de
Cryptozoologie
 

 

Les Hommes Sauvages

 

(dernière mise à jour : 05 août 2002)

 

    Des hommes sauvages et velus sont encore observés de nos jours dans diverses régions montagneuses de l'Asie centrale et septentrionale, qui forme une partie de la région paléarctique des zoologistes, et même une partie de la région orientale (Birmanie, Indochine). Des êtres semblables ont été signalés en Europe occidentale, depuis les satyres de l'Antiquité jusque dans les temps historiques.

 

1) Quelques témoignages

  • en 1925, le général soviétique Topilsky put examiner le cadavre d'un homme sauvage tué par un Ouzbèque dans une caverne du Pamir, au cours de combats contre les Russes blancs :
"A première vue, j'eus l'impression d'avoir sous les yeux le cadavre d'un singe : il était en effet entièrement couvert d'une sorte de pelage. Mais je savais qu'il n'y avait pas de singes dans le Pamir, et son corps ressemblait d'ailleurs tout à fait par la forme à celui d'un homme. Nous avons essayé de tirer sur les poils, mais nous avons pu nous assurer qu'il ne s'agissait pas d'un quelconque déguisement. Nous avons plusieurs fois retourné le cadavre sur le ventre et sur le dos, et nous l'avons mesuré. Son examen minutieux et prolongé par notre aide-médecin établit qu'il ne pouvait s'agir en aucune façon d'un homme ordinaire.
"C'était un mâle de 1,65 m à 1,70 m de haut. A en juger par ses poils, qui grisonnaient à certains endroits, il était assez âgé et peut-être même vieux. On pourrait définir la couleur générale de sa laine comme brun grisâtre. Sur la partie dorsale du corps les poils étaient cependant plus bruns, alors qu'ils étaient plus gris sur le ventre. A la hauteur de la poitrine ils étaient plus longs mais plus clairsemés, tandis que sur l'abdomen ils étaient au contraire plus courts mais plus drus. Dans l'ensemble, le pelage était grossier et sans duvet sous-jacent.
"Il y avait moins de poils sur le bas des fesses, d'où l'aide-médecin déduisit que cette créature se tenait habituellement assise comme un homme. C'est sur les cuisses qu'il y avait le plus de poils. Sur les genoux, en revanche, il n'y en avait pratiquement pas : on y remarquait plutôt des callosités. Sur la jambe, la pilosité était moindre que sur la cuisse, et elle allait encore en se raréfiant vers le bas. Complètement privés de poils, le pied et sa plante étaient garnis d'une peau dure et brunâtre. Les épaules et les bras étaient étaient couverts de poils dont l'épaisseur diminuait vers la main. Sur le dos de celle-ci, il y avait encore quelques poils, mais ceux-ci étaient tout à fait absents de la paume : la peau de celle-ci était rude et calleuse. Des poils couvraient tout le tour du cou, mais sur le visage même, il n'y en avait guère. La couleur du visage était foncée. Il n'y avait ni barbe ni vraie moustache : seuls quelques poils follets au bord de la lèvre supérieure donnaient comme une ombre de moustache.
"Sur la partie antérieure de la tête, au-dessus du front, il n'y avait pas de poils, comme dans une calvitie s'étendant vers l'arrière, mais sur la partie postérieure de la tête, des cheveux épais s'entremêlaient jusqu'à former une sorte de feutre. Le cadavre gisait les yeux grands ouverts et les dents découvertes. Les yeux étaient de couleur sombre. Les dents étaient très grandes et régulières, mais ne différaient pas par leur forme de celles de l'homme. Le front était fuyant. Les pommettes très saillantes conféraient à tout le visage une certaine ressemblance avec le type mongol. Le nez était écrasé, avec la racine profondément enfoncée. Les oreilles étaient glabres et, semble-t-il, plus pointues vers le haut que chez l'homme, et avec un lobe plus long. La mâchoire inférieure était très massive.
"L'être en question avait la poitrine large et puissante, et une musculature très développée. Nous n'avons pas remarqué sur le corps de notables différences de structure par rapport à celui de l'homme. Les organes génitaux étaient d'apparence humaine. Pour ce qui est de la longueur des extrémités, nous n'avons rien remarqué de vraiment particulier, à ceci près que la main était tout de même un peu plus large que chez l'homme et que le pied était à la fois plus large et plus court." (d'après Heuvelmans et Porchnev 1974).
  • en septembre 1977, Purdum Khan, berger du district de Chitral (nord Pakistan, donc dans le prolongement du Pamir) gardait ses chèvres vers 3500 mètres d'altitude, eut l'occasion d'observer le bar-manu, l'homme sauvage local :
"Soudain, une puanteur attira son attention vers le bas du terrain, une odeur semblable à celle "d'un chien ou d'un chat crevé depuis trois jours", selon son expression. Le berger aperçut alors un homme velu, à trois ou quatre mètres de lui, en contrebas. Il resta là à l'observer deux heures durant, silencieux, l'homme velu ne pouvant ni le voir ni le sentir. [...] L'être en question était un jeune mâle adulte, de taille moyenne (c'est-à-dire pour la région, entre 1,70 m et 1,75 m). Il était assis "comme un musulman" et mangeait des larves ou des nymphes de fourmis qu'il prenait avec deux doigts, le pouce et l'index. Il était en plein soleil, sa musculature et sa cage thoracique étaient très développés. L'allure générale était celle d'un homme ; le corps était couvert de longs poils (8 à 10 cm) de couleur brun-marron foncé. Il ne portait aucun vêtement. Sur la tête les cheveux étaient longs ; la face était large "comme celle d'un Tajik", les pommettes saillantes ; il avait une sorte de barbe, et seules les joues, les parties nasales et le pourtour des yeux étaient glabres. Le nez était large et écrasé "comme celui d'un chinois", les narines bien visibles. Les arcades sourcilières étaient très développées, larges et proéminentes, les yeux semblables à ceux de l'homme, de couleur sombre. Les oreilles étaient d'allure humaine, mais poilues. Le front était absent et le cou très court. La bouche était grande, sans lèvres apparentes, avec des dents semblables à celles de l'homme mais plus massives. Le menton était peu développé et poilu. Les bras et les jambes étaient plutôt longs, mais plus musclés que chez l'homme. En revanche, les mains et les pieds étaient très larges, avec les paumes et les plantes glabres, le dessus poilu. Les ongles, semblables à ceux de l'homme, avaient une longueur, aux mains comme aux pieds, de 2 à 2,5 cm. Il précise que les doigts étaient très longs et que les pieds étaient très larges par rapport à ceux de l'homme." (d'après Magraner 1994).

    Jordi Magraner, qui recueillit ce dernier témoignage, a également esquissé un dessin sous les directives du témoin (figure 1).

 
figure 1 : le bar-manu observé par Purdum Khan
(d'après Magraner 1994)

 

2) Canulars

  • une trace de pas photographiée par Igor Bourtsev dans le Pamir, et qui a fait la "une" des magazines en 1979, est des plus suspectes : Bourtsev a manifestement "redécoupé" la photographie...

 

3) Analyse cryptozoologique

    Les hommes sauvages sont décrits comme ressemblant à l'homme, entièrement couverts de longs poils, à l'exception de la face. Le front est fuyant, les arcades sourcilières proéminentes, le nez retroussé et aplati, les pommettes très saillantes, la bouche large et sans lèvres visibles, le menton fuyant, la tête comme enfoncée dans les épaules, le thorax et l'abdomen formant comme un cylindre puissamment musclé, les bras longs par la taille des mains au pouce faiblement opposable, les jambes relativement courtes, légèrement fléchies, aux pieds très larges et aux orteils extrêmement mobiles.
    Ces êtres sont bipèdes, privés de parole et d'industrie, mais manifestement très intelligents. Leur régime alimentaire est des plus éclectiques, comme celui de l'homme. En fait, la richesse des témoignages a permis de dresser avec une précision étonnante leur anatomie, leur écologie, leur éthologie, etc., notamment grâce aux recherches de terrain exemplaires de Marie-Jeanne Koffmann dans le Caucase.

    L'aire de répartition est considérable, puisqu'elle couvre une grande partie de l'Asie depuis le Caucase (almasty, kaptar...) jusqu'à l'Indochine (nguoi rung...), et englobe notamment le Pamir, l'Indu Kush (bar-manu), le Cachemire (van-manass), l'Altai en Mongolie (almas), le Tibet (migö), etc.

    Dès le début des années 60, le professeur Boris F. Porchnev, historien soviétique, a émis l'hypothèse que ces hommes sauvages seraient des populations reliques de l'homme de Néanderthal, supposé éteint depuis moins de 40 000 ans.

    En 1968, Bernard Heuvelmans et Ivan T. Sanderson ont eu l'occasion d'étudier le cadavre conservé dans un congélateur d'un homme velu, exhibé sur les champs de foire américains, et sans doute originaire du Viêt-Nam. Il répondait au portrait-robot précédent (figures 2 et 3), et Heuvelmans l'a décrit en 1969 sous le nom d'Homo pongoides (ou Homo neanderthalensis pongoides s'il ne s'agit que d'une sous-espèce de l'homme de Néanderthal). Bien que les personnes généralement peu ou pas informées tiennent ce spécimen congelé pour un mannequin, maints éléments attestent son authenticité. Les recherches de terrain de Jordi Magraner (du laboratoire des Reptiles et Batraciens du Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris), en apportent la preuve par neuf : les témoins du bar-manu (l'homme sauvage du nord du Pakistan) désignent tous, parmi une centaine d'autres représentations de primates, l'homme congelé de Bernard Heuvelmans comme étant identique à la créature observée.

 


Figure 2 : décryptage des photographies
de l'homme congelé par Bernard Heuvelmans (1969)

 


Figure 3 : aspect de l'Homo pongoides à l'état vivant
(d'après Heuvelmans et Porchnev 1974)
 

 4) Indices matériels

  • empreintes de pas (Caucase, Mongolie, Pakistan...). L'étude d'une piste au Caucase par Marie-Jeanne Koffmann confirme les données tirées des témoignages sur l'anatomie du pied (notamment sa largeur, la disposition des orteils, etc.) précise l'anatomie (en faisant notamment apparaître la longueur relative du talon), et apporte des détails sur la marche de la créature.

  • restes de litières (Caucase).

  • poils (Caucase, Pamir).

  • et même une main momifiée (figure 3), conservée dans le temple de Pangbotchi au Népal, mais provenant sans doute du Tibet, que l'on attribue généralement au yeti, qui est en fait une créature bien différente.


Figure 3 : la main momifiée de Pangbotchi
(photo Marie-Thérèse Serres)

 

  • et bien sûr le spécimen congelé précédemment évoqué.

 

5) Hypothèses alternatives

- D'autres hominidés ont été suggérés, spécialement le pithécanthrope (Homo erectus), mais nombre de détails anatomiques rapportés unanimenent (notamment le chignon occipital) sont la signature anthropologique de l'Homme de Néanderthal.

 

6) Pour en savoir plus

HEUVELMANS, Bernard
1969 Note préliminaire sur un spécimen conservé dans la glace, d'une forme encore inconnue d'Hominidé vivant : Homo pongoides (sp. seu subsp. nov.). Bulletin de l'Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, 45 [n° 4] : 1-24.
1993 Le dossier des Hommes Sauvages et Velus d'Eurasie. 3° Millénaire, n° 28 : 44-55, 64-67 ; n° 29 : 50-61.

HEUVELMANS, Bernard, et Boris PORCHNEV
1974 L'Homme de Néanderthal est toujours vivant. Paris, Plon.

KOFFMANN, Marie-Jeanne
1991 L'almasty, yéti du Caucase. Archéologia, n° 269 : 24-43 (juin).
1992 L'almasty du Caucase: mode de vie d'un hominoïde. Ibid., n° 276 : 51-65 (février).
1994-1995 Les hominoïdes reliques dans l'Antiquité. Ibid., n° 307 : 33-43 (décembre) ; n° 308 : 56-66 (janvier).

MAGRANER, Jordi
1994 Les Hominidés reliques d'Asie Centrale. 3° Millénaire, n° 32 : 22-29 ; n° 33 : 66-73.

MAHUZIER, Katia, et Alain MAHUZIER
1982 Les Mahuzier au Caucase. Paris, Presses de la Cité.

SANDERSON, Ivan T.
1969 Preliminary description of the external morphology of what appeared to be the fresh corpse of a hitherto unknown form of living hominid. Genus, 25 : 249-278.

 

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