Institut Virtuel
de
Cryptozoologie
 
Actualité cryptozoologique (174)

 

 

Analyse d'ADN de poils présumés de primates inconnus (juillet 2014)

    En mai 2012, Michel Sartori, directeur du Musée Cantonal de Zoologie de Lausanne, dépositaire des archives de Bernard Heuvelmans (considéré comme le "père" de la cryptozoologie) et le généticien Bryan C. Sykes, de l'Université d'Oxford, lancèrent un appel à soumettre des échantillons de poils attribués (à tort ou à raison) à divers primates inconnus : sasquatch d'Amérique du Nord, orang pendek de Sumatra, "hommes sauvages" de Russie, yeti de l'Himalaya.

    Au total, 57 échantillons furent reçus par Bryan C. Sykes, qui publie les résultats d'analyses ADN dans les Proceedings of the Royal Society B (Biological Sciences).

    Un échantillon de végétal et une fibre de verre furent d'abord exclus, puis ne furent conservés que 37 échantillons pour analyse génétique. Les résultats de l'ADN mitochondrial 12S RNA furent comparés aux données de la banque génétique GenBank. Disons le tout de suite, aucun primate inconnu n'apparaît à l'analyse, et tous les échantillons appartiennent à des espèces déjà répertoriées (figure 1) :


Figure 1 : résultat des analyses ADN (d'après Sykes et al. 2014)

    Évidemment, ces résultats décevront nombre de cryptozoologues amateurs, mais il est bon de rappeler qu'un poil trouvé sur un lieu de passage d'un animal n'appartient pas nécessairement à celui-ci... Toutefois, le cas du yéti est beaucoup plus prometteur. Si l'un des échantillons provient d'une sorte de chèvre sauvage, le sérow (Capricornus sumatraensis), comme c'est le cas des prétendus "scalps" de yéti, comme l'avait déjà démontré Bernard Heuvelmans en 1961, deux autres échantillons (n° 25025 et n° 25191) correspondent en effet à 100% avec un ours polaire fossile (Ursus maritimus) de plus de 40 000 ans, mais pas avec sa forme actuelle.
    Le premier poil (n° 25025) provenait d'un animal abattu au Ladakh il y a une quarantaine d'années par un chasseur selon qui le comportement de la créature était très différent de celui de l'ours brun (Ursus arctos) qu'il connaissait parfaitement. Le deuxième poil (n° 25191) fut trouvé dans une forêt de bambou du Bhoutan à 3500 m d'altitude, dans ce qui fut qualifié d'un "nid de migyhur", un nom local de l'homme-des-neiges. Ceci donne à penser aux auteurs que l'on est peut-être en présence d'une espèce inconnue d'ursidé, ayant partiellement contribué à la légende du yéti.

    Par la suite, les résultats ont été repris par Edwards et Barnett, montrant qu'il s'agit en réalité de l'ours polaire actuel (Ursus maritimus), ce qu'ont confirmé 3 des auteurs de la première publication dans leur réponse.

    Reste maintenant à comprendre comment des poils d'ours polaire peuvent se retrouver à 2 reprises dans l'Himalaya, à des centaines de kilomètres de distance et à des dizaines d'années d'écart...

 

Pour en savoir plus :

SYKES, Bryan C., Rhettman A. MULLIS, Christophe HAGENMULLER, Terry W. MELTON, and Michel SARTORI
2014 Genetic analysis of hair samples attributed to yeti, bigfoot and other anomalous primates. 
Proceedings of the Royal Society B, 281 [n° 1789] (2 July).

EDWARDS, C.J., and R. BARNETT
2014 Himalayan ‘yeti’ DNA: polar bear or DNA degradation? A comment on ‘Genetic analysis of hair samples attributed to yeti’ by Sykes
et al. (2014). Ibid., 282 (17 December).

MELTON, Terry W., Michel SARTORI and Bryan C. SYKES
2014 Response to Edwards and Barnett. Ibid., 282 (17 December).

 

 

écrivez-nous !

 

 Retour à la page d'accueil

Retour à la page "Actualité cryptozoologique"